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BLOG – « De toute façon, nous sommes tous un peu manipulateur… »

manipulation

Cette phrase, je l’ai entendue ces dernières semaines, à plusieurs reprises.

Et à chaque fois il y a quelque chose qui bouge en moi. Cet inconfort qui se réveille quand je perçois une incohérence avec mes fondamentaux, un désalignement, bref, un truc qui cloche.

Alors si nous voulons jouer sur les mots et les situations, pourquoi pas, « nous sommes tous un peu manipulateur ».

Mais entre « finis tes haricots verts, sinon tu n’auras pas droit à regarder la TV », et faire face une stratégie de manipulations toxiques, cherchant à nous déstabiliser et nous piéger, il a un gouffre dans les intentions et les impacts.

Dans ces lignes, j’évoque la deuxième situation : la manipulation dans sa définition figurée du Robert, c’est-à-dire « manœuvre malhonnête ; emprise occulte exercée sur quelqu’un », celle qui s’appuie sur le déclenchement délibéré de la culpabilité chez l’autre, activant le chantage affectif, et s’appuyant sur des violences psychologiques et physiques pour atteindre son objectif. Je stoppe ici ma phrase, avant que la nausée ne soit trop forte…

La première précaution face à cela, est de commencer par soi-même. Car oui, sans le vouloir, nous avons tous déjà manipulé. Si cela n’a rien à voir avec celui ou celle qui se satisfait du mal provoqué, la petite échelle de la manipulation existe. Malgré tout, cela n’est pas une fatalité.

Nous pouvons agir en conscience sur ce qui prévient de la manipulation, aussi petite soit-elle : en étant au clair sur nos demandes, sur l’expression de nos besoins et de nos intentions, en se respectant et en respectant l’autre, nous pouvons déjà éviter d’être dans un cas involontaire de manipulation.

Puis, il y a l’importance d’être au clair sur ses propres émotions, car un manipulateur ou une manipulatrice va obligatoirement tenter de jouer avec elles pour atteindre ses objectifs. Il s’agit là d’une ingérence inacceptable.

En développant notre habilité à questionner l’origine des déclencheurs de nos émotions, en permettant d’être au clair sur les conditions d’activation de ces dernières (qui, avec qui, comment, quand, où), nous nous offrons des clefs pour nourrir notre esprit critique, acquérir et/ou développer la capacité de zoomer et dézommer sur une situation, et ainsi nous outiller pour détecter toutes formes de manipulations.

Alors, si une autre personne appuie volontairement sur mon déclencheur émotionnel, que la situation est provoquée intentionnellement par l’autre, quels enjeux et quels besoins nourrissent ils ? Et si ce ne sont pas les miens et/ou ceux du groupe, suis-je ok avec ça ?

Si l’Intelligence Emotionnelle nous permet d’être vigilant, activant une ligne de réflexions et d’actions riches et efficaces afin de débunker les actes de manipulations graves, elle va aussi irriguer positivement d’autres atouts face à cela.

Développer et faire confiance en son instinct, en étant à l’écoute de son corps quand un désalignement se fait sentir et vient se signaler à travers lui. Nous permettre d’accéder à nos valeurs profondes, supposées être partagées avec notre interlocuteur, et savoir si son acte est juste le fruit d’une mésentente ou intentionnel. Puis faire ce fameux pas de côté, pour prendre le temps de se poser les bonnes questions sur la situation et ses protagonistes.

La qualité du lien entre ces 4 dimensions de notre Être (Corps, Tête, Cœur, Lien à l’Autre) est primordiale. Car si le manipulateur veut que sa manœuvre fonctionne, il doit siloter l’Unité de l’Être de son interlocuteur, et ainsi le fragiliser, entamant la densité profonde de sa cible.

L’idée n’est pas de tomber dans la paranoïa, bien au contraire. En fonctionnant ainsi quand un doute se fait sentir, nous clarifions et assainissons la situation en conscience et en confiance. Si le doute persiste, faisons appel à une personne de confiance pour avoir un regard différent sur la situation. Puis si nécessaire, activer à bon escient notre colère afin de signifier les limites à ne pas dépasser. Si cela n’est pas suffisant, le cocktail dégoût/mépris/colère, puis l’œuvre du temps, devraient faire l’affaire pour le mettre à distance et protéger nos proches et nous-même.

Donc non, nous ne sommes pas « tous un peu manipulateur ». Les mots ont leur importance, et nous nous devons être clairs sur ce que nous visons. D’ailleurs, répéter cette phrase est un risque dédramatisant un réel piège relationnel, et faisant baisser notre niveau de vigilance. Je sais que ce sujet mérite bien plus que quelques lignes, et que cet article est par essence limité : ce n’est que mon point de vue et des solutions éprouvées que vous retrouvez dans ces mots. Prenez cela comme un partage, en toute humilité.

Pour conclure, je citerai Julie Arcoulin, auteur belge et spécialiste de la question dont je vous recommande la lecture, qui m’a permis de mieux documenter ce sujet qui m’interpelait tant : « Je dirais même que les personnes assertives, saines et soucieuses des autres et du respect de chacun, n’ont pas besoin de manipuler. Elles savent que les relations saines se cultivent différemment et sans manipulation ».

Dont acte.

#intelligenceemotionnelle #partage #résistance